Rembrandt Bugatti

Rembrandt Bugatti était un sculpteur milanais installé à Paris et à Anvers qui dans les années 1910 connut une grande popularité pour ses bronzes animaliers. Le frère cadet d'Ettore Bugatti, le fondateur du constructeur automobile du même nom, vivait dans une sorte d'empathie poignante avec ses "modèles" - babouins, éléphants, gazelles, panthères et lions - jusqu'à ce qu'il soit frappé d'une grave dépression quand, avec l'éclatement de la Grande Guerre, le Zoo d'Anvers décide d'abattre certains des spécimens qu'il aimait tant.

Un sculpteur aux obstacles

À ce jour, Bugatti peut être considéré comme satisfait de sa carrière artistique. C'est un sculpteur assez connu en France, en Italie, en Belgique. Mais il a dû surmonter pas mal d'incompréhensions, pas mal de méfiance.

Le premier obstacle avait été la volonté de son père, qui envisageait pour lui une carrière d'ingénieur. En tant qu'ingénieur ferroviaire, pour être précis. Il y avait déjà trop d'artistes dans la maison. Il ne changea d'avis que le jour où il découvrit dans son bureau, sous un linge humide, un groupe de terre cuite - un berger qui conduisait trois vaches - que Rembrandt, alors âgé de moins de quinze ans, avait façonné de ses propres mains.

Et puis le manque d'enthousiasme dont fait preuve Adrien-Aurélien Hébrard, le propriétaire de la galerie d'art du 8 rue Royale et de la fonderie dans laquelle Bugatti fait fondre à la cire perdue les animaux qu'il façonne en pâte à modeler. Selon Hébrard, c'était le nom même de ce garçon qui l'intimidait, car il évoquait trop de gloire, trop d'art.

Une vue de l’homme sur l’animal

Journalistes et critiques ont commencé, année après année, à le remarquer, à considérer d'abord avec regard puis avec admiration les œuvres qu'il crée. Certains ont senti le caractère exceptionnel de la relation entre Rembrandt et ses modèles.

Ce qui distingue le talent de Monsieur Bugatti, écrivent-ils, c'est la connaissance exacte des habitudes et des comportements des animaux : il semble qu'il ait vécu avec eux, qu'il puisse comprendre chaque mouvement et chaque expression. D'autres remarquent sans crainte que Rembrandt Bugatti n'aime pas seulement les animaux en tant qu'artiste, mais les aime aussi en tant qu'homme, d'un amour qui va jusqu'à la tendresse.

C'est donc l'homme qui aide le sculpteur à saisir tous les sentiments que les animaux sont capables de manifester et à distinguer un sentiment d'un autre - colère, affection, amour maternel - presque comme s'il s'agissait d'êtres humains.

Si l'on parle tant de lui, écrivent-ils, c'est que les animaux de ce sculpteur ne ressemblent en rien à ceux que d'autres artistes nous ont montrés jusqu'à présent. Et si un critique souligne que chez Bugatti il y a une étude plus consciencieuse de leur chair, une perception plus nette de leur pelage, de leur plumage, un autre souligne que c'est grâce à son courage, sa volonté et aussi sa patience que le résultat obtenu est si exceptionnel.

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